lundi 12 janvier 2009

R.I.P.

L'expression "mort naturelle" est charmante. Elle laisse supposer qu'il existe une mort surnaturelle, voire une mort contre nature.
- Gabriel Matzneff

La mort ne vous concerne ni mort ni vif : vif parce que vous êtes; mort parce que vous n'êtes plus.
- Montaigne

La mort, c'est un peu comme une connerie. Le mort, lui, il ne sait pas qu'il est mort. Ce sont les autres qui sont tristes. Le con, c'est pareil.
- Philippe Geluck

Les lâches meurent plusieurs fois avant leur mort; le brave ne goûte jamais la mort qu'une fois.
- William Shakespeare

Hey hey,

Journée tranquille aujourd'hui. Gym, job. Stef se remet tranquillement de son très vilain rhume. Semblerait que j'ai réussi à l'éviter jusqu'à maintenant (le rhume, pas Stef).

Quant au sujet de la mise à jour d'aujourd'hui... Celui qui nous a quittés dans la nuit de dimanche, c'est mon oncle Zoël Lajoie. Il était âgé de 85 ans. Comme de fait, c'était mon oncle préféré (les autres, SVP ne prenez pas ça personnel), même si, par ma faute, ça devait faire un 13-14 ans que je l'avais pas vu.

Quelques petites notes, pour ceux qui ne le connaissaient pas -- sachez que j'y vais complètement de mémoire, donc c'est bien possible que je me trompe sur quelques détails :

- Il a été marié 58 (?) ans avec la même femme, la très gentille tante Marie, qui nous a quittés au début 2007.

- Il a fait la Deuxième Guerre mondiale, dans le Corps d'ingénierie de l'armée américaine (qui était beaucoup mieux équipée que la canadienne). Il reconstruisait des ponts en Belgique et en Hollande. Je pense qu'il a obtenu des médailles et autres honneurs, mais à ce que je sache, il a jamais vraiment voulu en reparler ni les montrer. Il était sur le chemin du Japon lorsque les deux bombes atomiques ont explosé. Personnellement, ça me va, parce qu'une guerre d'usure contre le Japon aurait été... déplaisante. Bref, toujours à ce que je sache, c'est le seul vétéran de la Deuxième guerre de toute ma parenté, et dans mon livre ça lui donne le titre de Ultimate Badass, un Dur de Dur.

- Mon anecdote préférée le concernant. Flashback... oh, milieu des années 80? Je devais être en secondaire 1 ou 2... Bref, nous étions chez lui (Rivière-Portneuf, maintenant Portneuf-sur-Mer, sur la Côte Nord), et Zoël et Guy (alors le mari de ma cousine Louise) étaient en train de discuter ferme sur la rivalité Canadiens-Nordiques.

Voyez-vous... Guy venait de Québec. C'était un chic type en général, assez bâti et costaud, et plutôt fort en gueule. Zoël, alors un solide gaillard dans la mi-soixantaine avec une voix de stentor, était un fan achevé du Canadien. C'était avant que les Nordiques deviennent la risée de la ligue; la rivalité battait son plein.

Ça "discutait" ferme. Les lecteurs qui connaissaient Guy et Zoël peuvent imaginer la scène. Personne ne cède d'un pouce, et moi j'étais aux premières loges. La discussion dure et perdure.

Soudain, Zoël abat son poing sur la table, et tonne :
"LES NORDIQUES, ÇA VAUT PAS DE LA CRISSE DE MARDE!!!"

Je pense que les fenêtres ont tremblé. Guy reste sans voix -- déjà là, un exploit -- et, pris de court, balbutie : "V...voyons, Monsieur Lajoie, calmez-vous!"

Le souvenir devient vague à ce moment. Une médiatrice est probablement intervenue.

Moi? J'étais à la fois crampé, terrorisé et impressionné. Je me souviens avoir eu beaucoup de fun à raconter l'épisode à mes potes de classe au retour du voyage.

D'un autre côté, et je l'avoue, d'un point de vue purement égoïste, c'est peut-être une bonne chose que je ne l'aie pas vu ces dernières années. Mon souvenir de lui, c'est exactement ça, lui qui fait trembler les fenêtres -- et le gendre -- en parlant de hockey. Une présence bienveillante mais intimidante, et moi tout maigrichon. Un vétéran de la guerre qui était pas pour se laisser piler sur les pieds par le blanc-bec de Québec. Un badass comme il ne s'en fait plus.

Il y a quelques mois, je lui ai envoyé quelques photos ainsi qu'une lettre lui donnant de mes nouvelles, et m'excusant de ne pas avoir pu assister aux funérailles de Marie. Ça faisait longtemps, plusieurs mois, que je l'avais en tête, cette lettre. On m'a dit qu'il avait été absolument enchanté de la recevoir. J'en suis très heureux, et je suis surtout content de l'avoir envoyé à temps, parce que si j'avais attendu trop longtemps... shit, j'aurais eu de la misère à me le pardonner.

Moralité : Ne perdez pas de temps si vous avez des choses à dire à quelqu'un. Moi, j'ai été chanceux.

Alors voilà, c'est ça la vie. Y en a qui partent, d'autres qui arrivent.


Salut Zoël, et à ta santé.

Parlant des nouveaux arrivants, en voici un :



Stef fait dire avec insistance qu'elle a passé des pastels à la peinture. Yay!

Demain... Bof, on verra bien. Si je me suis trompé dans mes patentes, mentionnez-le dans les commentaires please ok merci.

Beuh-bye!

2 commentaires:

Anonyme a dit...

...très belle lettre aujourd'hui Patrick! mes sympathies à toute la famille.

MArtini

p.s. je les trouve toutes bonnes tes lettres, mais celle-ci avait une connotation spéciale! MAis les Nordiques ce n'est pas vrai que ça valait de la marde!! ;)

Unknown a dit...

Merci!

Heh, ça mérite d'être répété, par contre : dans le milieu des années 80, les Nordiques étaient au moins aussi bons que les Canadiens, et probablement encore plus talentueux. Par la suite, tout le deuxième étage des Nordiques a eu des attaques de stupidité simultanées, et on connaît la suite.

Quand on pense que ça se battait à l'intérieur d'une même famille à cause de ces games-là, c'est pas rien! Je suis sûr que ça a été l'une des rivalités les plus féroces des sports nord-américains (faut pas oublier que les universités américaines donnent pas leur place en frais d'appartenance sentimentale -- quelque chose qu'on éprouve pas du tout ici), et je refuse de croire le contraire.